Il y a quelques années, Pascal Bruckner publiait un livre symptomatique La tentation des innocents dans lequel il décrivait longuement le piège de la victimisation.
La victimisation est un piège individuel et social.
Au niveau individuel, elle commence par une attitude critique et geignarde. Se plaindre de sa situation, des autres, de la vie, c’est déjà se situer comme une victime, c'est-à-dire comme quelqu’un qui subit sa vie et qui intérieurement demande à ce que les autres, les circonstances prennent en charge les solutions ou les décisions qui s’imposent.
Au niveau social, la victimisation est une maladie. De l’exigence de l’assistanat dans toutes les circonstances de la vie (comme la prise en charge psychologique à la moindre difficulté) à l’Indignation érigée en mouvement social, règne le sentiment d’être victime de la société, d’une société injuste, à laquelle il faut soit se résigner, soit combattre par la violence.
Sortir de la victimisation, c’est accepter d’être acteur de sa propre vie. Accepter d’entrer dans la responsabilité des événements et situations que nous vivons, même si nous n’en sommes pas la cause directe.
Les philosophes de tous temps nous invitent à ce contact direct avec la réalité.
Les philosophies traditionnelles d’Orient et d’Occident nous enseignent le développement de l’autonomie par des pratiques de déconditionnement et de détachement.
Ainsi nous apprenons à ne plus subir les circonstances de notre vie, mais au contraire à les vivre comme des agents de transformation positifs qui peuvent nous faire grandir si nous savons les dépasser.
C’est ainsi que nous devenons créateurs de nos vies et que nous pouvons expérimenter l’authentique joie de vivre qui ne se trouve pas dans les circonstances mais en nous-mêmes.
Isabelle Ohmann
Présidente de Nouvelle Acropole Paris XV